Avec la très aimable autorisation de Frédéric WOLFF

Irradiés, empoisonnés… dans les normes !

Entre les ondes toxiques, l’eau du robinet, les vaccins, le nucléaire… le crime est parfait. Pardon, les normes sont respectées.

 

Chers services de l’Etat,

J’ai bien reçu vos propagandes concernant les normes sanitaires, suite à mes demandes d’information. Pour tout vous dire, je suis saisi d’inquiétude face à la dégradation de ma santé et celle d’innombrables personnes autour de moi. Vous m’assurez que tout est sous contrôle et parfaitement en règle. J’avoue avoir été sensible, un quart de seconde, à ce qu’une autorité aussi élevée et « impartiale » – je reprends vos termes – que la vôtre pouvait certifier. Et je me suis repris.

N’y voyez pas une quelconque rancœur dirigée contre vous. Ma démarche n’a rien de personnel. D’ailleurs, y-a-t-il encore une personne humaine qui contrôle quoi que ce soit ? Permettez-moi d’en douter.

Voici donc ce qui me guide.

 

A propos des rayonnements électromagnétiques de nos gadgets sans fil.

Vous me certifiez que toutes les mesures relevées sur le territoire sont très largement en-dessous des normes en vigueur, oscillant entre 41 à 61 v/m.

Je ne conteste absolument pas cette affirmation. Ce que je réfute, en revanche, ce sont vos conclusions selon lesquelles le respect de ce seuil nous préserverait de tout risque sanitaire, en l’absence de preuve scientifique. De deux choses l’une :

- Soit vous êtes très mal informé, et nous avons toutes les raisons d’être inquiets face à ce qu’il faut bien nommer une incompétence majeure des services de l’Etat.

- Soit vous mentez délibérément, ce qui n’a rien de foncièrement rassurant.

Je vous apprends, si vous l’ignorez, que les normes qui vous sont chères ne prennent en considération que les effets thermiques. Elles font l’impasse sur les risques biologiques révélés par des centaines d’études indépendantes : détérioration de l’ADN, de la barrière entre le sang et le cerveau, de la communication entre cellules, du sommeil... Même à des niveaux très bas (0,2 v/m, selon le dernier rapport Bio-Initiative), des effets non-thermiques peuvent apparaître. Quant aux électro-hypersensibles, c’est à des seuils encore plus faibles qu’ils subissent des souffrances innommables. Sans parler des risques de cancer possible reconnus par l’OMS elle-même. J’aimerais donc, qu’en conscience – si ce mot a un sens concernant une machine –, vous répondiez à ces questions :

- Considérez-vous que les centaines de travaux scientifiques publiés dans des revues sérieuses soient nuls et non avenus ?

- L’OMS aurait-elle été infiltrée par des extrémistes de l’écologie radicale, de même que le Conseil de l’Europe qui a pris, en vain et à plusieurs reprises, des positions très claires pour protéger les populations, particulièrement les enfants et les électro-hypersensibles ?

- Avez-vous une certitude absolue quant à l’innocuité des ondes électromagnétiques pulsées ? Si le doute, aussi minime soit-il, vous effleure, à qui devrait-il profiter ? A la santé publique ? A l’industrie ?

  • Etes-vous pour ou contre la légalisation de la torture ? Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, le mot n’est pas trop fort, croyez-le bien. Renseignez-vous, rencontrez des personnes électro-hypersensibles, écoutez-les, et décidez si, oui ou non, le respect des normes nous prémunit de toute atteinte à notre intégrité.

 

Venons-en à l’eau de nos robinets qui est potable, comme vous me l’assurez sans l’ombre d’une nuance.

  1. avez-vous, une fois dans votre vie, entendu parler des insecticides, des herbicides, de l’aluminium, des perturbateurs endocriniens, des médicaments aussi sympathiques que les antibiotiques, les antidépresseurs, les anticancéreux, les œstroprogestatifs... Figurez que, de plus en plus, ces molécules se retrouvent dans l’eau que vous qualifiez de potable.

Si vous aviez le sens de l’humour, vous me diriez qu’il faut voir le bon côté des choses. Ainsi, encore quelques années, et nous n’aurions plus besoin d’aller à la pharmacie. Avec un peu de chance, les mutuelles nous rembourseraient l’eau du robinet. Elle pourrait même servir comme désherbant pour pas cher et comme insecticide écologique.

Bon, soyons sérieux. Une machine a-t-elle de l’humour ? Pas à ma connaissance. Non, plus sûrement, vous useriez de votre argument ultime : les normes. Peu importe que l’on soit loin d’analyser toutes les molécules toxiques, ce qui est encore le meilleur moyen de ne pas les trouver. Et, après tout, quelle importance, si la dose ne fait pas le poison, si des concentrations très faibles peuvent se révéler dangereuses, si les effets cocktails sont mortifères et si aucune analyse ne les prend – et ne les prendra – jamais en compte... Ce qui compte, c’est la norme !

Vous pourriez m’expliquer doctement qu’il convient de distinguer entre la limite de qualité et la référence de qualité. Une eau ne respectant pas la première est déclarée non conforme. Par contre, aucun problème si elle dépasse la seconde. Ainsi, les résidus d’aluminium peuvent allègrement dépasser la norme – pardon, la référence –, l’eau n’en sera pas moins potable.

Mieux encore, lorsque la qualité de l’eau se dégrade, on change les normes ! Ainsi, depuis février 2011, cinq fois plus de pesticides sont autorisés dans l'eau du robinet. La reconquête de la qualité de l’eau n’est pas un vain mot, comme vous le répétez souvent. Ce qui était toxique hier devient salubre. C’est magique, c’est la norme !

Que le service de production et de distribution de l’eau soit public ou privé n’y change rien, hélas. Comme tout serait simple, si tel était le cas.

En écrivant cela, je ne prétends nullement que l’eau de bouteille soit préférable. On y retrouve des perturbateurs endocriniens, parfois même davantage que dans l’eau du robinet, en raison des plastifiants utilisés et de leurs bisphénols à foison. Des traces de médicaments et de pesticides ont même été décelées. Quant aux déchets et à l’empreinte carbone des bouteilles en plastique, faut-il insister ? A peine la moitié sont recyclées, et quand bien même, quel gaspillage.

 

Le nucléaire se pose un peu là, lui aussi, s’agissant des normes qui évoluent en fonction des pollutions environnantes.

Alors qu'il n'existe pas de niveau de radioactivité inoffensive, en 2014, la dose admissible de radioactivité est passée de 1 mSv/an pour le public à 20 mSv/an. En cas d’accident nucléaire, on peut même aller jusqu'à 100 mSv/an. A la prochaine catastrophe, on augmentera les seuils admissibles, et on fera de nous du bétail participatif, affublé d’un collier indicateur du niveau de radioactivité absorbée, et défilant ensemble, tous ensemble, pour Fessenheim et pour l’EPR, parce que l’emploi vaut mieux que nos vies. Pour ainsi dire, nous y sommes.

Décidemment, rien n’a changé depuis l’amiante et le comité permanent réunissant employeurs et syndicats – hormis Fo ayant claqué la porte – pour défendre ce produit mortel au nom du profit et de l’emploi.

 

Un dernier mot sur les vaccins.

Entre l’aluminium, le mercure, le formaldéhyde, et j’en passe, l’assortiment est idéal pour s’empoisonner, et ce, dès le plus jeune âge. Je vous propose un slogan pour vos spots de publicité :

Si vous n’êtes pas encore malade, faites-vous vacciner !

Malade, d’accord…

Mais dans les normes de la médecine officielle, et remboursé par la Sécurité Sociale !

 

Ne comptez pas sur moi pour demander des normes acceptables. Pour qui le seraient-elles, d’ailleurs, et selon quels critères, selon quelles preuves et quelles études – indépendantes ou pas – impossibles à effectuer par définition, tant les rayonnements, les molécules, sont innombrables, tant leurs effets cocktails sont infinis ?

Dans une société industrielle, les normes sont faites pour protéger les industriels, pas la santé.

L’issue ? Je n’en vois pas d’autre que la sortie de la civilisation industrielle. Je ne suis pas naïf au point d’imaginer qu’une telle échappée puisse être pour demain. Est-ce déprimant ? Infiniment moins que les sornettes lénifiantes des gestionnaires du désastre.

 

Frédéric Wolff

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